Liquide

Wednesday 8 February 2017

Aujourd’hui, j’ai appris deux choses. J’ai appris que la vie est liquide. Le fait est connu depuis vingt ans, mais personne n’avait pensé à m’informer, ça devait sembler évident à tout le monde. – Quoi mais bien sûr ! Ta vie est liquide, ta maison est liquide, ton électronique est liquide, tes rendez-vous sont liquides, tu savais pas ça ? Comment ça a pu t’échapper ? Tout le monde en parle depuis les années 90. Pourtant non, je ne savais rien. Je le découvre aujourd’hui dans un vieil article. Et ça explique pas mal de choses, toutes ces parties liquides.

Vingt ans de retard imposent de peser les choses, refaire des classements, reconsidérer les solides dans leur bocal, plonger le bras d’un coup et les extraire des liquides. Par exemple Trainspotting est solide. Dans mon Ecosse mentale, c’est vrai plutôt liquide, Trainspotting était un pilier bien ancré : un fait solide dans la liquidité du monde. Aussi je n’ai pas été étonnée de voir annoncé au cinéma Trainspotting 2, solidement fidèle à lui-même vingt ans plus tard, avec ses trains et ses voies de chemins de fers qui sont en même temps des réseaux de veines à suivre dans le bras jusqu’au point où on enfonce son aiguille. Et voilà une chose de classée : Trainspotting est solide. C’est un début.

La seconde chose que j’ai apprise aujourd’hui est le titre québécois du film. Les Québécois ont tenté une audacieuse traduction francophone en appelant le film Ferrovipathes, qui doit signifier Malades ferroviaires, ou Sociopathes des chemins de fer. C’est drôle, maladroitement têtu, et j’ignore si en définitive ça a plutôt solidifié ou plutôt liquéfié Trainspotting. Il y a des cas indécis.

Il paraît qu’il neigera demain, on ne saura pas si le temps est liquide ou solide, et je poursuivrai tranquillement la répartition des choses sur ces nouvelles bases : le solide, le liquide, le neigeux. Vingt ans de retard, mais il ne faut rien précipiter.

Part of your life captured
Part of your life captured

Liquid

Today, I learnt two things. I learnt that life is liquid. People have known this for twenty years, but nobody had thought to inform me; it must have seemed obvious to everyone.  “Well of course! Your life is liquid, your house is liquid, your IT is liquid, your meetings are liquid, did you really not know that? How did it pass you by? Everyone’s been talking about it since the 90s.” And yet I didn’t know; I knew nothing about it. I found out about it today in an old article. And all these liquid components explain quite a few things.

Being twenty years behind means you have to weigh things up again, reclassify, observe the solids in their jar, then plunge your arm in and extract them from the liquid matter. For instance, Trainspotting is solid. In my mental image of Scotland, which, it’s true, is rather liquid, Trainspotting was a stable pillar: a solid fact in the liquidity of the world. So I wasn’t surprised to see Trainspotting 2 being advertised at the cinema, solidly true to itself after twenty years, with its trains and its railway lines which are also networks of veins in your arm which you trace right up to point where you push the syringe in. So that’s one thing classified: Trainspotting is solid. It’s a start.

The second thing I learnt today was the title of the film in Quebec. The Quebeckers went for a bold French translation by calling the film Ferrovipathes, which could mean Railway Sick or Railway Sociopaths. It’s funny, clumsily bloody-minded and I don’t know if in the end it has solidified or liquified Trainspotting. Some cases have yet to be determined.

Apparently it will snow tomorrow, we won’t know if the weather is liquid or solid, and I will quietly continue sorting things into these new categories: solid, liquid, snowy. Twenty years late, but best not to be precipitate.

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